Choc tarifaire sur l’électricité en 2026 : selon UFC-Que Choisir, la hausse des TRV (Tarifs réglementés de vente) pourrait atteindre +19 % l’an prochain, principalement en raison de la fin de l’ARENH (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique). Toutefois, l’étude de l’UFC pourrait être alarmiste, car dans son calcul du TRV elle substitue à l’ARENH un approvisionnement au prix du marché. Ce calcul est bien expliqué mais la conclusion est trompeuse. L’hypothèse prise par UFC est de maintenir la portion marchée de 2023 utilisée dans le TRV actuel. Or,  celle-ci ne sera plus incluse dans les calculs du TRV de 2026. En réalité, on remplacera un approvisionnement coûteux de 2023 par un prix plus bas et un approvisionnement à l’ARENH par un prix de marché plus élevé, mais bien inférieur à celui de 2023. Ainsi, les effets de hausse et de baisse devraient (pourraient ?) s’équilibrer – les évolutions du marché sur 2025 nous donneront la réponse.
À retenir : bien qu’il soit trop tôt pour tirer des conclusions alarmistes, la fin de l’ARENH affecte tous les consommateurs, mais EDF ne pouvait plus maintenir un mécanisme ne lui permettant pas d’investir à long terme. Le mécanisme de remplacement de l’ARENH est connu et fait parti de la loi de finance 2025 (le revenu nucléaire universel). Il est moins avantageux que l’ARENH qui ne contentait aucun acteur (volume, prix, alternatifs, EDF, UE) mais nous n’en connaissons pas encore tous les paramètres.
UFC demande en creux un retour à un marché entièrement régulé incluant un prix du nucléaire d’EDF en dessous de 60€/MWh (le niveau du marché actuel mais plus bas que le prix demandé par EDF). Or, c’est le marché qui a permis de passer la crise de 2022 et 2023. La compétitivité des offres marchés dépend surtout de l’abondance de l’offre et de nombreux contrats de fourniture sont bien inférieurs au TRV.
Pour les entreprises, il s’agit dans la réglementation connue actuelle de se poser la question de son budget énergie avec des offres 100% marché et de ne pas spéculer sur un retour très probablement illusoire d’un nouvel ARENH à 42€/MWh. Les prix obtenus dans nos appels d’offres récents pour 2026 et 2027 sans ARENH (et donc 100% marchés) sont en fait très similaires aux prix 2025 avec ARENH. 

Bon à savoir :

  • Rappel : webinaire : c’est quand ? Mercredi 5 mars, 14h00 et pour 30 minutes chrono. Inscrivez vous à notre webinaire de présentation de votre nouvel espace client WattValue : c’est par ici pour découvrir les nouvelles fonctionnalités, suivre une démonstration en temps réel et nous faire part de vos retours.
  • Qualité de service : le médiateur national de l’énergie a mis à jour les taux de saisines en médiation pour 2024, évaluant chaque fournisseur sur 12 mois en fonction du nombre de saisines. Les fournisseurs sont notés de 1 à 4 étoiles selon leur taux de saisines, de 1 étoile rouge (taux élevé) à 4 étoiles vertes (taux faible). En 2024, huit fournisseurs obtiennent 4 étoiles vertes pour la qualité de service client, dont Ilek, Octopus Energy, EDF, et La Belle Energie. Deux fournisseurs, La Bellenergie et Alterna, font leur entrée (particuliers et TPE).
    À retenir : bien que ce classement concerne principalement les particuliers et TPE, il inclut des fournisseurs ayant au moins 30 000 clients. Ce classement, combiné avec le baromètre annuel du CLEEE pour les gros consommateurs d’énergie et notre propre expérience nous aide à évaluer la qualité du service client et à sélectionner les fournisseurs à retenir lors de nos consultations groupées.  
  • Plan Européen : la Commission européenne a publié son Pacte pour une industrie propre et son Plan pour une énergie abordable, mais des solutions concrètes restent en suspens, selon Eurofer, notamment concernant le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières et les prix de l’énergie. L’industrie chimique européenne a accueilli positivement ces plans mais attend également une mise en œuvre concrète. Le ministre français de l’énergie critique un Pacte trop timoré et appelle à une réforme urgente du mécanisme carbone pour rassurer les industriels et atteindre les objectifs de décarbonation, avertissant qu’un manque d’ambition nuirait à la réduction des émissions d’ici 2040. –
    À retenir : bien que ce pacte soit avant tout pensé pour les industries énergivores exposée à la concurrence internationale, il aura des conséquences pour tous les consommateurs, que ce soit sur la taxe carbone aux frontières ou les mécanismes pour assurer une énergie bon marché aux entreprises européennes 
  • Contrats long terme : EDF a reçu neuf lettres d’intention d’industriels très énergivores représentant plus de 12 TWh/an d’électricité. Dans le cadre du post-Arenh, EDF propose de réserver une part de sa production nucléaire à ces entreprises sur 10 à 15 ans, avec une avance de paiement. Les négociations sont en cours, mais certains, comme le président de l’Afieg, jugent les prix proposés (65-70€/MWh) trop élevés et réclament une révision. EDF a également signé 6000 contrats pour 22 TWh d’électricité pour 2028 (ndlr : la liquidité sur le marché reste faible)
  • Tableau de bord des énergies : le ministère du développement durable vient de publier les tableaux de bord de l’énergie renouvelable (EnR) au 31 décembre 2024.
    • Photovoltaïque : le parc solaire photovoltaïque atteint 25,3 GW, avec 5 GW raccordés en 2024, contre 3,4 GW en 2023. La production solaire s’élève à 24,5 TWh, en hausse de 9 % par rapport à 2023, représentant 5,2 % de la consommation électrique française (hors autoconsommation)
    • Eolien : le parc éolien français atteint 25 GW, dont 23,5 GW terrestre et 1,5 GW en mer. En 2024, 1,2 GW ont été raccordés. Les projets en cours représentent 16,5 GW, dont 13,1 GW terrestres et 3,4 GW en mer. La production éolienne est de 47 TWh, dont 4 TWh pour l’éolien en mer, représentant 10,5 % de la consommation électrique française, soit 1 point de moins qu’en 2023
    • Biométhane : 731 installations injectent du biométhane dans les réseaux, avec une capacité de 13,9 TWh/an, en hausse de 15 % par rapport à 2023. En 2024, 1 788 GWh/an ont été installés, moins que les 2 450 GWh/an de 2023. Les projets en attente représentent une capacité de 14,7 TWh/an
    • À retenir : L’augmentation du nombre d’installations éoliennes et photovoltaïques sur le réseau n’a pas entraîné une hausse proportionnelle de la production. L’éolien a même généré moins qu’en 2023. Cette intermittence devra être gérée à long terme avec la croissance de la part des énergies renouvelables. Le biométhane reste marginal dans la consommation de gaz
    • Le savez-vous : vous pouvez faire le choix des énergies renouvelables pour vos consommations de gaz ou d’électricité – contactez-nous !
  • En bref :
    • Le CSE (Conseil Supérieur de l’Energie) se prononce sur le TURPE 7 proposé par le CRE le 6 Mars. Y seront notamment couvertes les évolutions des heures pleines et creuses qui ne font pas l’unanimité. Le tarif d’utilisation des réseaux représente 20 à 30% de la facture d’électricité.
    • CPB (Certificat de Biométhane) : obligatoire pour les fournisseurs dès 2026, l’obligation d’intégrer un pourcentage de biométhane dans la fourniture de gaz naturel se matérialise avec les CPB. La trajectoire est connue pour 2026 (0,4%), 2027 (1,82%) et 2028 (4,15%). Le coût sera in fine porté par les consommateurs assujettis et pourrait représenter 15 à 18€/MWh à l’horizon 2030 (la pénalité étant pour le fournisseur de 100 à 130€/MWh de CPB non couvert).
    • Marché de capacité : sa révision est mise à consultation. Le mécanisme de capacité, dispositif mis en place pour garantir la sécurité d’approvisionnement en électricité, serait centralisé dès 2026 par RTE. Et une taxe payée par les fournisseurs qui la répercuteront sur le consommateur. Actuellement, le marché de capacité représente quelques €/MWh (avec des valeurs dépassant 15€/MWh pendant les heures de pointe d’hiver)

Les marchés :

  • Marché de gros de l’électricité : la tendance baissière des prix de marché à terme continue, dans la foulée de la baisse des prix du gaz. Attention néanmoins : la volatilité a été significative en cours de semaine (de l’ordre de 5%). Néanmoins, EDF vient d’annoncer étendre aux fournisseurs alternatifs les contrats d’allocation de production nucléaire, ce qui pourrait stabiliser une part non négligeable des prix de fourniture sur 10 à 15 ans .  
  • Marché de gros du gaz : malgré la tension géopolitique qui s’est intensifiée de manière soudaine, les prix du gaz restent étonnamment stables en cette fin de semaine. Il sera important de suivre les évolutions dans les jours à venir. Il est à prévoir que l’Europe intensifie ses sanctions sur la Russie, principalement en limitant l’achat de GNL Russe. Les infrastructures du pipeline Turkstream auraient également été attaquées. Le CEO de Qatar Energy prévoit “une année gazière 2025 « très tendue » en raison d’un hiver plus froid, de stocks faibles en Europe et en Asie, d’une forte demande (ndlr : de GNL) et du manque de nouveaux projets sur le marché“. Ignorant (un peu) la situation, la commission européenne demande toujours d’atteindre 90% de remplissage des stocks d’ici novembre 2025. Ils sont actuellement à 38% (22% en France). Une vague de froid est pressentie en mars, ce qui pourrait ralentir d’autant le remplissage. Parallèlement, BP prévoit que la demande de GNL croîtra plus rapidement que prévu d’ici 2040 (+60 % contre +50 % dans leurs estimations précédentes) (AFP).  

Suivi des prix de marché de gros de l’électricité :
Baseload (€/MWh) :

Années Clôture
  21/02/2025 28/02/2025  
2026 65,60 63,17
2027 61,37 59,53
2028 63,43 61,85


Suivi des prix de marché de gros du gaz :
Marché TRF (Trading Region France) (€/MWh) :

Années Clôture
  21/02/2025 28/02/2025  
2026 37,76 36,29
2027 31,07 30,28
2028 27,33 27,02

 

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