Le prix des CEE ne cesse de monter : en raison de la vacance du pouvoir exécutif, il est probable que la 5ème période des CEE, qui arrive à échéance dans 12 mois, soit prorogée d’un an, avec augmentation des obligations. C’est du moins ce que vient d’annoncer l’administration de l’énergie (la DGEC). Il faut s’attendre aussi à des évolutions des fiches travaux standardisées pour favoriser l’électrification en plus de l’incitation aux actions d’efficacité énergétique. Enfin, la lutte contre la fraude aux CEE est au centre des préoccupations du ministère et de l’assemblée. Une proposition de loi devait d’ailleurs être débattue à l’assemblée. Elle sera finalement étudiée en février 2025. Cette loi pourrait, selon certains acteurs, limiter la liquidité du marché en favorisant la production via des mandataires et donc aller à l’encontre de la transparence recherchée pas l’état. Entre temps, et c’est peut-être le plus important, les incertitudes et ces contrôles légitimes ont tendance à limiter le volume de CEE sur le marché et les prix montent ! C’est notamment le cas pour les CEE dits « précaires » qui ont gagné 10% depuis l’été et approchent les 10€/MWhc (MWh Cumac).
A retenir : l’augmentation du prix des CEE a un impact direct pour les entreprises soumises aux CEE. Les CEE payés par les obligés (fournisseurs de gaz, d’électricité ou de pétrole) sont en effet refacturés aux consommateurs (particuliers et tertiaire). Ils n’ont de cesse d’augmenter depuis plusieurs années et la hausse pourrait encore s’accélérer en 2025. En attendant la 6ème période qui rebattra de nouveau les cartes. Pour rappel, les CEE représentent plusieurs €/MWh sur les factures de gaz et d’électricité (5 à 8€/MWh).   

Bon à savoir :

  • Successeur de l’ARENH : les acteurs (fournisseurs et consommateurs) ressortent déçus de l’échange avec le ministère de l’énergie. Ils attendaient une vraie concertation sur l’après ARENH (mécanisme de régulation du volume et du prix du nucléaire historique à respectivement 100TWh et 42€/MWh) qui prend fin le 31 décembre 2025. Le ministère et EDF restent sur leurs positions : il n’y aura pas d’encadrement des prix pour le nucléaire, mais un reversement universel si le prix de vente moyen d’EDF dépasse un seuil d’environ 78€/MWh. Sans mécanisme pour prendre la relève de l’ARENH, et pour paraphraser les représentants des consommateurs, « rien ne protège les clients qui n’ont pas sécurisé leur contrat d’une hausse des cours« . Néanmoins, selon le quotidien La Tribune, l’État subordonne cet accord à la capacité d’EDF à conclure des contrats de long terme et pas seulement des lettres d’intention.
    A retenir : tout est dans le terme « sécuriser » : les entreprises doivent anticiper et saisir les opportunités de marché pour conclure leurs contrats, non pas en cherchant systématiquement le prix le plus bas, mais plutôt un prix qui soit compatible avec leur activité. La stratégie variera bien évidemment en fonction de l’électro-intensivité du consommateur. Ceci n’empêche pas pour une situation de marché donnée de chercher le meilleur prix. 
  • Dernières enchères de capacité pour 2025 : pour 2025, les dernières garanties de capacités mises aux enchères ont été vendues à 0€/kW. Le mécanisme de capacité a été mis en place en 2017 pour garantir la sécurité d’approvisionnement en électricité. Avec la baisse de la consommation, la disponibilité des moyens de production est excédentaire, expliquant le niveau atteint. Au plus fort de la crise de l’énergie, les enchères avaient atteint le plafond de 60€/kW. La plupart des contrats de fourniture d’électricité sont indexés sur la moyenne des enchères entre la signature des contrats et la dernière enchère pour l’année concernée ou la dernière enchère.
    A retenir : La moyenne des enchères pour 2025 est légèrement inférieure à 15€/kW, comparée à presque 30€/kW pour 2024. Ainsi, la plupart des consommateurs découvriront avec plaisir une baisse notable de la part correspondant au « mécanisme de capacité » sur leur facture en 2025.
  • Tableau de bord du photovoltaïque et de l’éolien : selon les statistiques du ministère de l’écologie au 30 septembre 2024, « la puissance du parc solaire photovoltaïque atteint 23,7 GW. Au cours des trois premiers trimestres 2024, 3,5 GW supplémentaires ont été raccordés, contre 2,3 GW au cours de la même période de 2023. La production d’électricité d’origine solaire photovoltaïque s’élève à 21,1 TWh« .. L’éolien, « atteint une puissance de 24,5 GW, dont 23,1 GW d’éolien terrestre et 1,5 GW d’éolien en mer. Au cours des trois premiers trimestres 2024, la puissance nouvellement raccordée s’élève à 0,7 GW. La puissance des projets en cours d’instruction s’élève à 16,1 GW, dont 12,9 GW de projets éoliens terrestres et 3,2 GW de projets éoliens en mer. La production d’électricité éolienne s’est élevée à 34 TWh au cours des trois premiers trimestres de 2024« . C’est 21% de la production française sur cette période.
  • Calcul du tarif de vente réglementé de l’électricité : la CRE vient de publier « la méthode de construction des tarifs réglementés de vente d’électricité (TRVe) pour les sites souscrivant des puissances supérieures à 36 kVA« . A partir de février 2025, les TPE (moins de 10 employés, moins de 2m€ de CA) et dont la puissance de raccordement est supérieure à 36kVA pourront bénéficier des TRVe. Actuellement, il faut être une TPE et avoir une puissance de raccordement inférieur à 36kVA pour en bénéficier. En 2025, ces nouveaux « TRVe > 36kVA » seront construits par poste horosaisonniers (4 ou 5 postes) et empilement des coûts (ARENH, complément d’approvisionnement au marché, garantie de capacité) sur un profil moyen.
    A retenir : les TRVe au delà de 36kVA seront basés sur une moyenne des prix de marché (les 24 derniers mois) et des profils de consommation dont la représentativité reste à démontrer. Ils resteront, à l’instar des TRVe actuels, en décalage avec la dynamique du marché, ce qui explique la baisse anticipée en février alors que les marchés et les propositions des fournisseurs sont en recul depuis un an. Et contrairement à ce que pensent beaucoup de consommateurs, les TRVe ne sont pas fixes mais révisés réglementairement tous les 6 mois (à la hausse ou à la baisse). En revanche, ils permettront d’établir un point de référence pour comparer les offres 100% marché.  

Les marchés :

  • Marché de gros de l’électricité : la France a atteint un niveau historique d’exportation d’électricité à 83TWh à fin novembre. Et la tendance s’est confortée en ce début de mois de décembre avec la chute de la production renouvelable en Allemagne. Tandis que les prévisions météorologiques pour l’hiver 2024-2025 se précisent, le marché à terme pour 2025 a connu une baisse continue tout au long de la semaine, aidé aussi par le repli du gaz.    
  • Marché de gros du gaz : des perspectives de température plus douce et l’abandon de l’achat du gaz en rouble ont permis au marché de se détendre. Par contre, le niveau des stockage continue de baisser et le remplissage un peu plus lent que prévu génère de la nervosité sur le marché au comptant. À titre informatif, les niveaux de stockage sont actuellement de 82,7 % en Europe et de 75,6 % en France, ce qui représente une baisse de 10 points par rapport aux niveaux de l’année précédente à la même période. A moyen terme, le marché est attentiste, ne se positionnant pas clairement sur l’instabilité géopolitique au moyen orient ou en Ukraine.    

Suivi des prix de marché de gros de l’électricité :
Baseload (€/MWh) :

Années Clôture
  29/11/2024 06/12/2024  
2025 76,79 74,75
2026 65,06 65,08
2027 61,97 62,04


Suivi des prix de marché de gros du gaz :
Marché TRF (Trading Region France) (€/MWh) :

Années Clôture
  29/11/2024 06/12/2024  
2025 44,79 43,67
2026 35,42 35,00
2027 28,81 28,81 =

 

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