Le gaz naturel en 2024 : ce 4 mars 2025, NaTran (anciennement GRTGaz, transporteur du gaz naturel en France) à présenté un bilan du marché gazier en 2024 et les perspectives de la transition énergétique. NaTran souligne la stabilisation des marchés gaziers européens malgré un contexte difficile et la baisse de la consommation de gaz en France. La France reste un point clé pour l’importation de GNL en Europe, avec des stockages très sollicités.
À retenir : pour les entreprises et les particuliers, la baisse des volumes consommés fait porter le coût du réseau sur moins de clients consommant moins de volume. Il faut s’attendre à moyen terme à une hausse de l’ATRT et de l’ATRD (transport et distribution) sur les factures. Le prix du marché de gros projeté par Natran à l’horizon 2028 est cohérent avec les mises en production de terminaux GNL à travers le monde. A ce prix, il faudra ajouter le surcoût attendu pour les injections obligatoires de biométhane qui seront répercutées par les fournisseurs sur les consommateurs.

  • Vous voulez en savoir plus ? Voici les chiffres du gaz en 2024 (vs 2023):
  • Consommation de gaz :
    • La consommation brute de gaz en France a diminué de 5,5% en 2024, pour atteindre 361 TWh.
    • La consommation de gaz des centrales électriques a fortement diminué, atteignant 16 TWh en 2024 (-56%).
    • La consommation des clients industriels est en légère reprise de 0,8% 
  • Gaz renouvelables :
    • 11,6 TWh de biométhane ont été injectés dans les réseaux en 2024
  • Prix de marché de gros du gaz :
    • Le prix moyen du gaz en 2024 est de 34 €/MWh, tant pour le PEG (marché français) que pour le TTF (marché européen). 
    • Le marché anticipe des prix moyens du gaz autour de 27€/MWh à l’horizon 2028
  • Autres :
    • La France est une porte d’entrée majeure du GNL en Europe, représentant 24% des importations européennes de GNL.
    • Le GNL représente 57% des entrées de gaz en France (43% par pipelines) en 2024
    • Les exportations nettes de gaz (c-à-d la différence de flux d’import/export avec nos voisins à l’exclusion des importations des pays producteurs) de la France vers ses voisins ont atteint 123 TWh (+10%)

Bon à savoir :

  • Erratum : nous avons fourché en appelant “Revenu nucléaire universel” ce qui est dénommé “Versement nucléaire universel”, mécanisme de captation partielle des revenus tirés par EDF de son parc nucléaire au dessus de seuils à définir et qui donnera lieu à un reversement aux consommateurs des sommes prélevées (remplaçant de l’ARENH)
  • Compétitive ou pas l’électricité en France ? : selon l’UFE, qui représente notamment les producteurs d’électricité en France, les prix français de l’électricité sont compétitifs par rapport à nos voisins européens et certains états des États-Unis. Cette compétitivité est attribuée à la production d’électricité à faible coût, notamment grâce au nucléaire et à l’hydraulique. Cependant, des défis subsistent, tels que la nécessité d’investissements pour maintenir cette compétitivité et répondre aux besoins croissants en énergies renouvelables. Pourtant, les industriels sont de nouveau monté au créneau. Ils ont vivement critiqué EDF vendredi, l’accusant de négliger l’industrie française pour privilégier “le profit à court terme”. Ils dénoncent également le fait qu’EDF mette en péril la compétitivité des usines face à la concurrence internationale en refusant de baisser ses tarifs, malgré les demandes du gouvernement.
    À retenir : bras de fer ou posture ? Les négociations vont bon train entre EDF et les industriels. Elles pourraient même aboutir à une nouvelle version du “Versement nucléaire universel”.  
  • Objectifs de stockage du gaz : la recommandation de la Commission européenne, datée du 5 mars 2025, portant sur la mise en œuvre des objectifs de remplissage des installations de stockage de gaz pour 2025 et visant à garantir la sécurité énergétique de l’Union européenne tout en tenant compte des conditions de marché volatiles et complexes a été publiée. Et elle n’a évolué qu’à la marge : les installations de stockage de gaz de l’UE doivent atteindre un niveau de remplissage de 90 % ou plus au 1er novembre ou 35% de leur consommation annuelle. Les stocks de GNL peuvent être considérés dans les objectifs.
    À retenir : les stockages de gaz représentent 30% de la consommation hivernale en Europe. Les niveaux actuels très bas amèneront les opérateurs à réaliser leurs campagnes de remplissage durant l’été, principalement avec du GNL. La flexibilité demandée par les acteurs n’a pas été entendue, ce qui pourrait créer de la tension sur le marché de gros et faire monter les prix. 
  • En bref :
    • PPE 3 : En France, le projet final de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), 3ème du nom, a été mise en consultation finale, en vue d’une publication d’ici début avril. La PPE3, qui couvre une période de 10 ans, met l’accent sur des priorités comme la modernisation des infrastructures énergétiques, la gestion de la demande d’énergie et l’accompagnement des citoyens et des entreprises dans cette transition énergétique. Objectif : doter la France d’une énergie décarbonée, compétitive et souveraine
    • Dénomination improbable : le “Conseil national de la domination énergétique” a été créé par décret du président Trump. Ce conseil vise à renforcer la production d’énergie nationale (US) pour soutenir l’économie, créer des emplois, et améliorer la sécurité énergétique. Il élabore une stratégie pour réduire les obstacles bureaucratiques, encourager l’innovation et soutenir les investissements privés dans le secteur énergétique. Objectif : produire plus et exporter des énergies fossiles !
    • EDF se lance dans les enchères : EDF étend sa politique de commercialisation d’accès direct à la production nucléaire, avec des contrats d’allocation de production nucléaire (CAPN) accessibles dès 2025 via une enchère européenne. Ces offres concerneront les consommateurs avec des besoins supérieurs à 7 GWh/an et des fournisseurs disposant de capacités en France. Selon le Figaro, cette nouvelle offre montrerait la volonté d’EDF de vendre au plus offrant (c’est le principe des enchères) sans considération pour les besoins industriels de long terme (voir ci-dessus). 

Les marchés :

  • Marché de gros de l’électricité : le marché du gaz et celui de l’électricité semblent de plus en plus décorrélés, comme en témoigne la situation de cette semaine. En effet, les prix à terme du gaz ont enregistré une baisse, tandis que le marché de l’électricité a évolué dans une direction opposée. La hausse des prix pour 2028 est particulièrement marquée, au point même de dépasser ceux pour 2026. Faut-il en déduire que le marché anticipe une disponibilité réduite des moyens de production ou une hausse de la demande ? Cette tendance pourrait aussi être liée aux orientations gouvernementales concernant la PPE ou à la limitation des tarifs de rachat pour le photovoltaïque
  • Marché de gros du gaz : le niveau des stocks de gaz semble se stabiliser, atteignant 23% en France et 37% en Europe. La baisse des prix est principalement due à la liquidation des positions à long terme par certains acteurs du marché. La spéculation continue d’influencer les tendances… Un euro fort permet également d’acheter à moindre coût (en dollars), tandis que la demande chinoise reste faible. Par ailleurs, il ne faut pas négliger les fluctuations de la politique douanière américaine, qui ajoutent de l’incertitude.  

Suivi des prix de marché de gros de l’électricité :
Baseload (€/MWh) :

Années Clôture
  28/02/2025 07/03/2025  
2026 63,17 63,30
2027 59,53 60,29
2028 61,85 63,35


Suivi des prix de marché de gros du gaz :
Marché TRF (Trading Region France) (€/MWh) :

Années Clôture
  28/02/2025 07/03/2025  
2026 36,29 33,21
2027 30,28 28,43
2028 27,02 25,73

 

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