Remplissage des stocks de gaz – enjeux pour l’hiver 2025-2026 : alors que l’hiver 2024 touche à sa fin, la question du remplissage des stocks de gaz pour préparer l’hiver 2025-2026 devient cruciale. En effet, les niveaux de stockage actuels sont relativement faibles et en dessous de la moyenne des huit dernières années. Plusieurs facteurs ont influencé la consommation de cette saison hivernale : (1) des températures plus froides que l’hiver précédent, (2) des objectifs ambitieux de remplissage imposés par la Commission européenne (90%) et (3) le phénomène de DunkelFlaute (ça ne s’invente pas), une période prolongée de faible production d’énergie éolienne et solaire dans le nord de l’Europe, contraignant ainsi les producteurs à recourir au gaz pour la production d’électricité.
Face à cette situation, de nombreux pays et acteurs du marché plaident pour une révision des objectifs de remplissage. Par exemple, Engie estime qu’un taux de 80 % de remplissage à l’entrée de l’hiver serait suffisant, une position partagée par l’Allemagne, l’un des plus grands consommateurs de gaz en Europe.
Enfin, Teréga, opérateur de stockage, cherche toujours à commercialiser 30% de ses capacités de stockage de gaz pour 2025-2026. Pendant ce temps, les nouveaux droits de douane de 15 % de la Chine sur le GNL américain modifient déjà les flux commerciaux mondiaux. Aucun GNL américain n’est actuellement en route vers la Chine
À retenir : comparativement à la même période de l’année dernière, les stocks de gaz sont bien en deçà : ils atteignaient alors un niveau historiquement élevé. En France, les réservoirs sont remplis à +/-24%, tandis qu’au niveau européen, le taux moyen est de 41%. Bien que ces chiffres soient 5 points inférieurs à la moyenne de la période 2017-2024, ils demeurent 10 points supérieurs au plus bas atteint sur cette même période. Ce qui a changé ces dernières années, c’est l’approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL), qui représente désormais plus d’un tiers de la consommation européenne. 10 points de remplissage nécessitent d’importer l’équivalent de 120 cargaisons de GNL.
Dans un marché du gaz mondialisé, une certaine souplesse dans les objectifs de remplissage pourrait aider à apaiser les tensions sur les prix et faciliter les approvisionnements.
Bon à savoir :
- Rappel : notre prochaine consultation Gaz est ouverte : fin de souscription mercredi 26 février ! Contactez-nous si vous souhaitez participer à cette consultation groupée. Nous envisageons d’inclure 2028 dans la période de fourniture.
- Rappel : webinaire : c’est quand ? Mercredi 5 mars, 14h00 et pour 30 minutes chrono. Inscrivez vous à notre webinaire de présentation de votre nouvel espace client WattValue : c’est par ici pour découvrir les nouvelles fonctionnalités, suivre une démonstration en temps réel et nous faire part de vos retours.
- Pour une industrie propre et une énergie abordable : la Commission européenne va publier d’ici au 26 février son plan pour rendre l’énergie plus abordable et compétitive pour les industries européennes. Il présente un Pacte pour une industrie propre et un plan d’action axé sur la réduction des coûts énergétiques, l’achèvement de l’Union de l’énergie, les conditions d’attractivité des investissements et la préparation aux crises. Des mesures spécifiques sont proposées, notamment l’accélération de la transition vers une énergie propre, l’amélioration de l’efficacité énergétique et la garantie du bon fonctionnement des marchés du gaz. En résumé : accélérer ce qui est déjà en place tout en prenant en considération que l’UE n’est pas isolée économiquement du reste du monde.
- Rapport sur l’évaluation des TRV : le rapport du ministère de l’Économie, récemment publié, évalue les tarifs réglementés de vente d’électricité (TRVE) en France, en analysant leur impact sur la stabilité des prix, le marché et leur rôle d’amortisseur face à la volatilité. Il propose des mesures pour clarifier la distinction entre TRVE et offres de marché, améliorer l’information des consommateurs et renforcer la concurrence. Cette évaluation, dans le cadre de la directive (UE) 2019/944 sur le marché intérieur de l’électricité, vise à déterminer si les TRVE doivent être maintenus, supprimés ou ajustés. Le rapport recommande leur maintien pour les consommateurs actuellement éligibles (particuliers et TPE).
- Résultats records : EDF a réalisé un bénéfice record de 11,4 milliards d’euros en 2024, grâce à une forte hausse de sa production nucléaire et hydraulique, malgré la baisse des prix de l’électricité. Toutefois, le chiffre d’affaires a diminué de 15,7 % et l’EBITDA a reculé de 8,5 %. Le groupe a stabilisé sa dette à 54,3 milliards d’euros. EDF se prépare à relever plusieurs défis en 2025, dont le financement des six réacteurs nucléaires EPR2 et des difficultés liées à un projet éolien offshore aux États-Unis, suite à un gel des permis. Avec 41,5 millions de clients monde, EDF annonce également la signature de 9 lettres d’intention de partenariats industriels pour plus de 12 TWh annuels et de 6 000 contrats de fourniture de moyen terme (22 TWh pour 2028, 12 TWh pour 2029). Les consommateurs électro-intensifs insistent sur l’urgence de sécuriser ces contrats pour garantir leur avenir et les investissements nécessaires à leur décarbonation.
- Loi de finance 2025 : décision du conseil constitutionnel – la loi de finances pour 2025 (PLF) inclut un article sur le nouveau dispositif post-ARENH à partir du 1er janvier 2026 (voir nos infolettres précédentes). Suite à sa saisine, le Conseil constitutionnel estime que les articles incriminés ont été adoptés selon une procédure “conforme à la Constitution”. Le revenu nucléaire universel devient donc, selon la loi actuelle, le remplaçant “officiel” de l’ARENH.
- Conversion difficile des centrales à charbon : le gouvernement soutient un projet de conversion de la centrale à charbon de Saint-Avold au gaz naturel. Ce projet remplace une conversion à la biomasse, jugée trop complexe. Le propriétaire, GazelEnergie, prévoit de commencer les travaux en 2026, pour une mise en service en hiver 2026-2027. La centrale de Cordemais, l’autre centrale à charbon du territoire métropolitain, devait aussi être convertie à la biomasse, mais le projet a été abandonné par EDF.
Les marchés :
- Marché de gros de l’électricité : la tendance baissière de la dernière semaine s’est accentuée, dans le prolongement de l’évolution des prix du gaz sur 2026. 2€ de baisse du gaz se traduisent par 4€ de baisse sur le cours de l’électricité – une cohérence que nous n’avions plus vue depuis plusieurs mois (il faut 2MWh de gaz pour produire 1MWh d’électricité). Par contre, les prix à terme 2028 légèrement supérieurs à ceux de 2027 laissent penser à une prime de risque plus élevée à long terme. EDF n’a en effet pas annoncé d’amélioration de sa production nucléaire sur les 2 prochaines années.
- Marché de gros du gaz : augmentation des flux de GNL sur l’Europe avec un record des exportations de GNL nord-américain, retour de la production EnR, assouplissements des objectifs de stockage en cours – il n’en fallait pas beaucoup plus pour que la bulle spéculative de ce début d’année ne se dégonfle. Les échéances à 2 ans s’installent solidement au niveau du début de l’année, effaçant une bonne partie des hausses des 3 dernières semaines.
Suivi des prix de marché de gros de l’électricité :
Baseload (€/MWh) :
Années | Clôture | ||
14/02/2025 | 21/02/2025 | ||
2026 | 69,54 | 65,60 | ↓ |
2027 | 63,60 | 61,37 | ↓ |
2028 | 64,26 | 63,43 | ↓ |
Suivi des prix de marché de gros du gaz :
Marché TRF (Trading Region France) (€/MWh) :
Années | Clôture | ||
14/02/2025 | 21/02/2025 | ||
2026 | 39,29 | 37,76 | ↓ |
2027 | 30,66 | 31,07 | ↑ |
2028 | 26,09 | 27,33 | ↑ |