Marché de l’électricité : « Vers un mix électrique 100 % renouvelable en 2050 » ?
Il est rarissime qu’un document technique émanant de l’ADEME fasse la Une des médias. C’est pourtant le cas avec cette étude de 119 pages intitulée « Vers un mix électrique 100 % renouvelable en 2050 ». Pourquoi tant de tintamarre médiatique autour de ce rapport, qui vient compléter un rapport sur le marché de l’électricité édité par le parement ? Parce qu’il devait être présenté lors d’un colloque organisé à Paris les 14 et 15 avril, mais a été ajourné. La raison officielle ? La nécessité d’affiner et de consolider certains points.
Pourquoi enterrer cette étude ?
Le fait que la présentation soit reportée, et même enterrée pour certains, suffit à alimenter des discussions enflammées, ce même si tous les intervenants n’ont peut-être pas lu le rapport en détail. Pour sa part, Ségolène Royal s’est contentée de déclarer qu’elle n’était pour rien dans ce report de publication en expliquant toutefois que « Si mes services ont demandé à l’ADEME de faire preuve de cohérence avec la politique énergétique du gouvernement, ils ont eu raison».
Il est vrai que le fossé est immense entre le projet de loi sur la transition énergétique porté par la Ministre et ce rapport, le mot « EDF » étant par exemple omniprésent dans le premier et totalement absent pour le second. S’ajoute que le rapport de l’ADEME précise dès ses premières lignes le contexte de son étude avec une phase sans doute déplaisante pour certains : « Le marché de l’électricité est supposé soumis à une concurrence libre et non faussée, sans effets de pouvoir de marché. ». Cette hypothèse n’étant pas celle du gouvernement qui tient à conserver intact le quasi-monopole d’EDF, autant pour des raisons financières que politiques, on peut comprendre que ce rapport doit être sensiblement revu.
Que contient donc ce rapport de si terrible ?
Ce rapport se veut une modélisation des ressources renouvelables en vue d’assurer à la France une totale autonomie énergétique à l’horizon 2050. Dans son volet 100 % EnR, le rapport exclut toute source énergétique non renouvelable, dont le nucléaire et les énergies fossiles. Des simulations portant sur 95 %, 80 % et 40 % sont également présentées afin de souligner les variations. Pour assurer le complément, trois filières sont mises en œuvre : centrales à gaz à cycle combiné (CCGT), nucléaire, turbines à combustion.
Un potentiel énorme, mais une adéquation incertaine
Une fois les sources d’énergie renouvelable actuelles et à venir cumulées, il apparaît que la production totale atteint 1 268 TWh alors que la demande actuelle n’est que de 422 TWh. Il s’agit toutefois d’une production globale sur une année, ce qui ne garantit donc pas une réelle adéquation entre l’offre et la demande à un moment donné de la journée.
Dans les prochains articles sur ce rapport de l’ADEME, nous reviendront d’abord sur le potentiel en énergie renouvelable du territoire français et le prix estimé du MWh pour le consommateur puis sur le coût de développement de la filière avant de conclure sur la pertinence de ce rapport.
0 commentaires