ADEME: Evaluation des coûts de développement de l’énergie renouvelable
Cet article conclut les articles « Vers un mix électrique 100 % renouvelable en 2050 » ? et « Des filières optimisées pour l’énergie renouvelable (rapport de l’Ademe) »
Le coût des EnR d’ici 2050
Dans son rapport, un paragraphe est dédié à l’évaluation du coût annuel d’un mix 100 % énergies renouvelables :
- Le coût des investissements nécessaires et du raccordement est évalué à 32.7 Mds €
- Le réseau coûterait pour sa part 11,1 Mds € en part fixe à laquelle s’ajoutent 2,2 Mds € assurant la capacité des échanges inter-régionaux.
- Les frais de stockage sont estimés à 4,4 Mds €
- Un coût fixe de 450 M€ directement lié à la flexibilité de la consommation d’énergie verte
- La valorisation du surplus en chaleur pour un gain de 25 Mds €
Ces divers éléments permettent de dégager un cas de référence de 50,1 Mds € ensuite comparé à des situations différentes. C’est ainsi que les zones où l’installation du réseau est difficile coûtent près de 54 Mds €, soit 4 de plus que le cas de référence. Si les progrès technologiques dans le domaine de l’énergie verte peuvent réduire de 2 Mds € le montant du cas de référence, une maîtrise trop limitée de la consommation ferait exploser les coûts annuels à plus de 63 Mds €.
Une simulation basée sur une consommation annuelle de 422 TWh fait ressortir un prix du kWh à 11,9 c€, soit un coût équivalent à celui de ce que sera l’énergie produite par les futurs EPR du fournisseur historique.
Alors, pourquoi enterrer ce rapport ?
Vu la quantité d’études et de rapports à l’exactitude douteuse qui sont régulièrement publiés, on peut se demander la ou les raisons ayant poussé le Ministère à mettre l’éteignoir sur celui-ci en particulier. Le rapport de l’ADEME n’est en effet qu’une étude modélisée mettant en lumière des opportunités. Il comporte sans doute des défauts, voire des erreurs, mais aurait pu être une excellente base de discussion sur la réalité de la transition énergétique.
Un autre rapport verra-t-il le jour d’ici quelques mois, en étant plus en phase « avec la politique énergétique du gouvernement » ? Peu de chances, à moins d’être vidé de son sens et surtout de ses conclusions.
EDF au premier rang
Il est vrai qu’un avant-goût a été proposé lors de la réunion de la commission parlementaire des tarifs de l’électricité. Visiblement, discuter de ce sujet sans mettre EDF au premier rang des acteurs paraît difficile, ce tant pour des raisons sociales internes à cette entreprise qu’en raison des dividendes qu’elle verse à son actionnaire majoritaire qu’est l’État. Difficile sur cette base fermée d’avoir une politique ambitieuse sur l’énergie, ce malgré les discours volontaristes. L’avenir énergétique passera donc sans doute une fois de plus par une décision européenne imposée à la France, et qui ne manquera pas d’être critiquée alors qu’il était possible de faire valoir ses spécificités.
Ce rapport présente au moins l’avantage de souligner que la France possède une alternative au nucléaire et aux énergies fossiles. Destiné à des lecteurs experts, ce rapport aurait pu être aisément accompagné d’un supplément expliquant que la mise en œuvre de ce mix 100 % énergie renouvelable comportait toutefois des risques en matière de recettes pour l’État et les collectivités locales. Ces raisons sont sans doute à ajouter à celles précédemment citées et ayant conduit à l’enterrement dans la plus grande discrétion de ce rapport. Transition énergétique oui, mais visiblement sans bousculer les vieilles habitudes, cela semble en tout cas avoir guidé les pas des responsables pour qui certains aspects doivent demeurer inchangés.
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