Les prix de l’énergie ont explosé. Il est temps de faire le bilan 2022 du marché du gaz et de l’électricité
Depuis la crise du gaz qui a débuté en 2021, l’importation, la production et la consommation d’énergie ont pris un tour historique en 2022. Nous avons largement couvert les impacts sur les contrats de fourniture de gaz et d’électricité, les dispositifs d’aides de l’état ou même les actions sur la consommation. Les bilans gaziers de GRTGaz et électriques de RTE publiés ces derniers jours nous permettent de comprendre les grandes dynamiques de 2022. La solidarité entre pays européens prend tout son sens. Les deux gestionnaires de réseau de transport nous permettent de nous projeter un peu sur 2023 et au-delà. Alors, quel bilan 2022 pour le marché du gaz et de l’électricité ?
Le gaz : une résilience surprenante
Il y a un an démarrait la guerre en Ukraine. On se posait alors la question de savoir comment trouver assez de gaz pour remplacer 40% de la fourniture européenne – le gaz Russe.
Objectif 2022 : garantir la sécurité d’approvisionnement en gaz.
Un an plus tard, les sites de stockage sont 2 fois plus remplis que l’année précédente et le gaz Russe ne représente plus que quelques pourcents de l’approvisionnement européen. Sur 2022, l’Europe a approvisionné 5 500TWh (5 500 milliards de kWh) de gaz. C’est plus qu’en 2021 ! La part du gaz Russe a chuté de 62%. Le GNL (Gaz liquéfié livré par bateau méthanier) l’a remplacé en grande partie (+84%). Trouver de nouveaux fournisseurs ou maximiser l’approvisionnement existant a induit une explosion des prix du marché de gros. Le GNL est alors livré au plus offrant : le marché européen.
Et la France ?
Le prix spot moyen (1) en France a plus que doublé à 97€/MWh et a été très volatil. Certains pays non européens n’ont d’ailleurs pas pu suivre le rythme. En contrepartie, la solidarité européenne a joué à plein. Par exemple, les livraisons de gaz en France ont représenté 648TWh (533TWh en 2021) dont 370TWh de GNL (+102% versus 2021). Et la France s’est retrouvée « exportatrice (2)» de gaz vers ses voisins ! Les flux ont été inversés : en 2021, le gaz Russe transitait par l’Allemagne pour rejoindre la France. En 2022, le GNL venant du Qatar ou des USA par exemple arrive par bateau en France avant de partir en Allemagne.
(1) Prix sur la bourse EEX pour livraison quotidienne en 2022 et (2) abus de langage volontaire : la France ne produit « que » 7TWh de gaz ; par contre elle importe beaucoup plus que sa consommation qui s’est établie à 430TWh en 2022
La production d’électricité au plus bas en 2022
La production totale d’électricité en France a atteint son plus bas depuis 30 ans à 445TWh (15% de moins que 2021). Incidemment, la production nucléaire s’est ainsi limitée à 279TWh contre 361TWh en 2021. Il s’agit de la production à partir de l’atome la plus faible depuis 34 ans. L’indisponibilité des centrales pour grand carénage, entretien ou problèmes techniques a été largement documentée. Ce qui se sait moins est que la production d’hydro-électricité a été en recul de 20% à 49,6TWh. Un déficit de précipitations de 25% explique la gestion prudente de la production hydraulique. C’est 94TWh qui manquent par rapport à 2021 sur ces deux moyens de production !
Les autres moyens de production ne compensent pas
Une bonne nouvelle néanmoins : la production de l’éolien et du photovoltaïque ont continué de progresser (+11% à 56,1TWh, tiré par le solaire à +31%). Un chiffre à mettre en perspective avec les 94TWh de baisse pour l’hydro-électricité et le nucléaire ! . Toujours du côté de la production, les centrales à gaz ont tourné à plein avec 44,1TWh produits (+34% par rapport à 2021). Historiquement, la France est exportatrice net d’électricité. Du moins, elle l’a été pendant 34 ans. L’année 2022 marque ainsi un tournant. 16,5TWh d’électricité ont été importés, après une exportation de 40TWh en 2021. La solidarité, notamment entre la France et l’Allemagne se retrouve sur l’électricité, mais cette fois, le flux d’énergie est vers la France (le gaz étant dans le sens inverse). Ce sont ces importations qui ont assuré l’équilibre du système électrique conjointement avec l’utilisation des centrales à gaz. Les centrales à charbon, redémarrées à grand bruit mi-2022, ont été faiblement employées (3TWh de production) et remises dans leur cocon.
Bilan 2022 – la consommation en baisse – un choix ou une contrainte ?
Signal prix ou changement de comportement ? Une seule certitude, la consommation de gaz et d’électricité s’est inscrite à la baisse en 2022. Et ce, en dépit des aides d’état et notamment du bouclier tarifaire qui a masqué une partie de la hausse !
Ainsi, la consommation brute de gaz a baissé de 9,3% en 2022 par rapport à 2021 (430TWh). Ce sont d’abord les gros consommateurs industriels qui ont réduit leurs besoins de 11,5% (à 117TWh, arrêt, baisse ou décalage de production), le tertiaire, les petits industriels et les particuliers baissant leur consommation de 16,6% avec 253TWh (par rapport à 2021, mais de « seulement » 6,2% si l’on pondère de l’hiver très doux). La production d’électricité a nécessité 61TWh de gaz (+54,4%).
Electricité : la baisse est également là !
La consommation d’électricité s’inscrit en baisse de 1,7% par rapport à 2021 à 459TWh. En fin d’année 2022, il y a eu une prise de conscience de la nécessité de changer de comportement pour éviter les délestages. Et les derniers mois de l’année sont 9% en dessous de la moyenne des années pre-covid (2014-2019). S’agit-il d’une tendance de fond ? Le résultat d’un hiver historiquement chaud couplé à l’augmentation des prix de contrat ? Des appels à une consommation raisonnée par le gouvernement ? Un peu de tous ces éléments certainement !
Si l’efficacité énergétique peut s’inscrire dans les comportements, la prochaine étape pourrait être de s’orienter vers plus d’optimisation et de sobriété.
Bilan 2022 du renouvelable – une hausse continue !
Le CO2 est contenu
2022 aurait pu être désastreux pour les émissions de CO2 liées à la production d’électricité (baisse de l’hydroélectricité et de l’atome, hausse des importations). Bonne nouvelle : bien qu’en hausse de 16% à 25 MtCO2eq, la France continue à être un des pays proposant la production d’électricité la moins carbonée d’Europe. Les importations grèvent néanmoins le bilan des émissions de CO2 pour la consommation de 12MtCO2eq. Et en kWh ça donne quoi ? 56gCO2/kWh pour la production et 81gCO2/kWh pour la consommation.
Plus de renouvelable !
Autre bonne nouvelle : les installations de parcs éoliens continuent (+10% soit +1,9GW installés, pour un total de 20,6GW), même si la production a marqué le pas en raison du manque de vent (+2,5% soit +1TWh à 37,5TWh). La star est le solaire ! +31% de production (18,6TWh), 2,6GW installés en 2022 pour une puissance totale de 15,7GW. Et pour le gaz renouvelable ? La capacité atteint 9TWh, en avance sur les objectifs de la programmation de l’énergie.
Et les consommateurs ne sont pas en reste. La demande pour les garanties d’origine (GO) ne cesse de grimper. Sur 11 mois 2022, pour lesquels nous avons les chiffres de l’AIB, le volume de GO annulées est supérieur aux 12 mois de 2021 ! La demande est telle que les prix des GO a été multipliée par 10 ! 61TWh ont trouvé preneurs à fin novembre 2022.
Un hiver 2023-2024 moins risqué ?
Avec une production nucléaire qui reprend des couleurs (300 à 330TWh prévus), plus de renouvelable mais une question sur l’hydroélectricité, la situation de l’hiver prochain devrait être meilleure pour l’électricité. Néanmoins, elle suppose que les efforts de sobriété continuent. Et que nous n’ayons pas de nouvelles surprises. Un hiver rigoureux ou le redémarrage de l’économie chinoise même modeste pourraient changer la donne. La situation gazière est également sous surveillance selon l’Agence Internationale de l’Energie. 40 milliards de m3 de GNL manqueraient toujours à l’appel pour l’Europe qui aurait besoin de 180Gm3 .Ce volume correspond aussi à l’incertitude des besoins de la Chine. Le volume de GNL mondial n’augmentera lui que que de 4,3%.
Continuer les efforts
Chacun peut contribuer. L’optimisme et les baisses des marchés ne signifient pas que nous allons retrouver la situation de 2020. D’ailleurs cette baisse des marchés ne se traduit pas forcément par une baisse des prix proposés par les fournisseurs ! Voir notre article à ce sujet.
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