Bilan prévisionnel RTE 2015 sur l’énergie renouvelable
Le Réseau de Transport d’Électricité (RTE) vient de publier ses prévisions offre/demande à l’horizon 2020. Dans ce rapport, RTE se veut optimiste sur l’avenir de la distribution d’énergie électrique au travers d’un scénario de sécurité d’approvisionnement reposant sur trois piliers que sont le développement et la production des énergies renouvelables, les capacités d’effacement ainsi que les interconnexions avec les pays frontaliers. Cette projection française ne serait pas complète sans un important volet sur le nucléaire, marqué par le feuilleton Fessenheim-EPR de Flamanville. Ces éléments cumulés font que la France retrouve ses marges de sécurité pouvant atteindre 4800 MW par an. Cette amélioration prévisionnelle est toutefois conditionnée par une hausse de production de 2000 MW par an de l’éolien terrestre et offshore jusqu’en 2020. De son côté, le photovoltaïque doit voir sa production croître de 3500 MW sur la même période.
Les installations d’énergies renouvelables repartent à la hausse
Dans son rapport de 2014, RTE fait état d’une hausse de la production de 0,5 %, soit 662 MW. En parallèle de cette production globale annuelle de 540,6 TWh, 2014 est marqué par une baisse de consommation de 1,8 % par rapport à 2013, la marge de production ainsi dégagée bénéficiant aux exportations.
Entre 2007 et 2014, la part de production de l’énergie renouvelable est passée de 13,4 % à 19,4 %. Dans la projection d’un mix énergétique à l’horizon 2030 tel qu’envisagé dans le rapport, la part des EnR est de 26 %.
En 2014, ce sont 963 MW de production éolienne supplémentaire qui ont été raccordés. Cette progression de 11,8 % par rapport à l’année précédente pour représenter un total de 9120 MW. De manière globale, la production renouvelable hors hydraulique augmente en 2014 avec une part totale de 5,2 %, soit 28,0 TWh et dépasse ainsi la part du thermique fossile.
En ce qui concerne le photovoltaïque, la tendance est également à la hausse après deux années de baisse due en grande partie aux incertitudes du marché de l’énergie. En 2014, la production d’énergie issue du photovoltaïque a augmentée de 27 % pour atteindre 5,9 TWh. Un été ensoleillé et de nouvelles installations raccordées sont à l’origine de cette hausse notable.
Si les quinze ans restants doivent logiquement permettre d’atteindre l’objectif de 26 %, il faudra toutefois que les prix du marché soit suffisamment stables pour inciter à la poursuite des investissements dans le domaine de l’éolien et du photovoltaïque.
Une production nucléaire et hydraulique stable, le thermique classique en baisse
La production d’énergie issue de l’hydraulique est restée stable en 2014 avec 68,2 TWh. Concernant la part de production du nucléaire elle reste stable, la hausse de 30 % étant liée à une plus grande disponibilité qu’en 2013.
La baisse fortement marquée avec – 39,6 % des centrales thermiques à combustibles fossiles est due à plusieurs raisons. Ces centrales jouant le plus souvent de sources d’appoint lors des pics de consommation, la baisse de consommation de 1,8 % a un impact direct. S’ajoutent les fermetures des centrales au charbon de Blénod et Cordemais 1 pour une production en recul de 58 %.
La moindre utilisation des combustibles fossiles a eu un effet immédiat sur les émissions de CO² avec une baisse de 41 %. C’est ainsi que les émissions de CO² par les centrales à charbon sont passées de 19 à 8 millions de tonnes en 2014 et pour celles à gaz de 7,4 à 4,9 millions de tonnes.
Un bilan prévisionnel ambitieux pour les EnR à l’horizon 2020
L’énergie renouvelable étant par nature liée aux conditions climatiques, son potentiel de production est aussi difficile à évaluer qu’à piloter. Il s’agit donc pour le système électrique de s’accommoder de la variabilité de production des énergies renouvelables en pilotant efficacement les sources plus aisément pilotables. La consommation résiduelle (Consommation brute – Productions fatales) tendant à varier dans des proportions importantes, les sources d’énergie pilotables doivent en effet offrir une flexibilité suffisante pour s’effacer devant les pics de production des EnR tout en assurant l’approvisionnement lorsque la part des énergies renouvelables est en période creuse. Cette problématique liée à la nature des énergies renouvelables demande la mise en place d’un dispositif performant et souple, ce qui impose une évaluation précise de la consommation et des moyens de production.
Le bilan prévisionnel 2015 apporte un éclairage intéressant au travers d’une estimation sur les besoins de flexibilité journaliers et hebdomadaires à l’horizon 2030. Cette projection s’appuie sur deux scénarios à long terme dont l’un repose sur la diversification et le second sur un nouveau mix énergétique.
Dans cette prévision, la forte pénétration des énergies renouvelables a pour effet de faire baisser la consommation résiduelle par rapport à la situation actuelle. L’impact du photovoltaïque et de l’éolien sur la consommation résiduelle est toutefois différent en raison des sources naturelles de ces deux énergies.
La production du photovoltaïque étant concentrée entre 10 h et 16 h, cette source d’énergie fait baisser la consommation résiduelle en cours de journée. L’effet est particulièrement marqué en été, période où la consommation est peu élevée et la production à base de photovoltaïque à son maximum. Faute de périodicité certaine, l’éolien est moins efficace au quotidien que le photovoltaïque en matière de consommation résiduelle, mais contribue par contre à augmenter la variabilité sur une période hebdomadaire.
Qu’il s’agisse du scénario « nouveau mix » ou « diversification », tous deux présentés dans le rapport 2014 de RTE, la variabilité de la consommation résiduelle est en hausse. Pour ce qui est de la variation quotidienne actuellement de 60 GWh/jour, elle passe à 69 GWh/jour dans l’hypothèse « Diversification » et à 71 GWh/j pour le « Nouveau mix » avec dans les deux cas une hausse de puissance de 20 %, soit 24 GW.
Les écarts se révèlent plus importants dans une projection hebdomadaire avec 37 % supplémentaire (410 GWh/semaine actuellement) dans le cas du plan « diversification » et 54 % dans celui « Nouveau mix ».
Les limites d’un bilan prévisionnel
Qu’il s’agisse de prévisions du rapport 2014 ou 2015, elles sont conditionnées par le respect de certaines étapes. Parmi celles-ci figure la poursuite des investissements de l’énergie renouvelable, qu’il s’agisse de l’éolien ou du photovoltaïque. L’intégration des EnR dans le marché de gros et une véritable politique européenne du prix du CO² font également partie des éléments incontournables avec une France devant peser de tout son poids dans les décisions. Pour cela, il lui faudra respecter ses propres engagements en matière de transition énergétique, ce qui est loin d’être une partie gagnée d’avance.
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