Depuis début 2021, la crise des prix de l’énergie (gaz et électricité) est historique. Il serait bien imprudent d’en imaginer l’issue. Il y a quelques mois, les prix de gros semblaient avoir atteint des plafonds difficilement dépassables. Voir nos articles (ici ou ) à ce sujet. On s’aperçoit aujourd’hui que ces plafonds étaient bien fragiles. Crise de l’offre (gaz, nucléaire), hausse de la demande, météo, objectif de réduction des émissions de CO2. Tout contribue à la hausse des cours. Pourtant, en dépit du tapage médiatique, les consommateurs professionnels ne commencent qu’à en prendre conscience. Revue de détails de ce qui attend leur contrat d’électricité ou de gaz.

 

Les marchés de gros s’emballent

La situation est proprement jamais vue. Les prix de gros* à terme du gaz pour livraison en 2023 ont été multipliés par 7 en l’espace d’un an. Ceux de l’électricité pour 2023 l’ont été par 9 sur la même période (oui – +800%) ! Les prix à termes sur 2024 et 2025 sont plus sages. Les échanges se font néanmoins à des niveaux 2 à 3 fois plus élevés qu’au début 2022. Les raisons sont multiples et ont été amplement documentées par la presse. La Commission de Régulation de l’Energie (CRE) fait entendre sa voix. Nous mêmes avons couvert ces sujets sur notre blog. De facto, l’équilibre offre / demande est rompu. Il n’y a pas assez de gaz livré en Europe en dépit des efforts d’importation du GNL ou de réduction de la demande. La disponibilité du parc nucléaire français est à son plus bas depuis 2015. Le niveau de sécheresse est historique. Même le charbon se fait rare et cher. En contradiction avec les objectifs de baisse des émissions de gaz à effet de serre, les anciennes centrales polluantes redémarrent. La canicule réduit le productible des énergies renouvelables (moins de vent, moins d’eau, baisse du rendement du photovoltaïque). 

L’incertitude géopolitique rajoute de l’anxiété et le marché déteste l’incertitude. Le politique veut réformer les marchés alors que ceux-ci nous évitent (pour l’instant) la pénurie synonyme de coupures. Cependant, la CRE doit reconnaître que ces marchés fonctionnent ! Mais qui dit incertitude, dit aussi volatilité des prix qui peuvent varier de plusieurs pourcents dans une journée.

Prix de gros de l'électricité 2022 à 2025 - au 12/08/2022

Prix de gros à terme de l’électricité – Dernière cotation : 11 août 2022

* Le marché de gros désigne le marché où l’électricité (resp. le gaz) est négociée (achetée et vendue) afin d’être intégrée dans les offres de contrats (particuliers ou entreprises) par les fournisseurs.

Le signal prix et le marché de détail

Les pouvoirs publics ont pris de multiples actions pour protéger les consommateurs (bouclier tarifaire, plan de résilience, blocage des prix pour les particuliers, baisse de la CSPE et augmentation du volume d’ARENH pour les professionnels). Ces mesures font porter sur le contribuable ou sur EDF le choix de limiter la hausse des contrats de fourniture. C’est pourquoi le signal prix diminue. 

Pour les professionnels, les renouvellements de contrats se font au fil de l’eau, souvent à leur échéance. La réalité du marché apparait alors dans les offres de renouvellement. Ainsi, il n’est pas rare de voir des propositions avec des prix de l’énergie 2 ou 3x plus élevés que le contrat existant, si ce n’est plus. Les fournisseurs et leurs contreparties revoient également les profils de risques financiers. Les durées de contrat se raccourcissent. Les demandes de dépôt de garantie augmentent. Les couvertures de risque explosent. Les clauses de flexibilité (ajout/retrait de sites) disparaissent. Mais les engagements de consommation font leur retour. Les fournisseurs refusent de servir des clients au profil de consommation trop thermosensible… La réalité du marché fait son chemin dans les nouveaux contrats. Résultat : les budgets vont en pâtir. 

Effet de bord : pour la première fois depuis l’ouverture des marchés, les fournisseurs alternatifs perdent des sites clients. Bien sûr, les fournisseurs historiques en gagnent (voir l’observatoire du marché de détail de la CRE). Le consommateur se tourne-t-il vers les sociétés reconnues ou les fournisseurs se concentrent ils sur leur portefeuille existant ?

Quelles mesures attendre

Dans un marché extrêmement volatil et haussier, les plus gros défis sont ceux de la décision et de la visibilité. Préambule : vous aurez toujours besoin d’un contrat de gaz et d’électricité. 

Pour les pouvoirs publics, il paraît impossible de maintenir des prix de l’énergie artificiellement bas sur le long terme en faisant appel à la dette. C’est notamment valable pour le gaz que nous importons à 100%. Pour l’électricité, l’ARENH, qui fait bénéficier à tous les consommateurs de la rente nucléaire, amortit significativement les soubresauts du marché. Mais la faible disponibilité du parc nucléaire ne permet pas d’en augmenter le volume à prix régulé indéfiniment. Le parlement vient néanmoins de voter une augmentation du volume de 20% conjointement à une hausse du prix de 20% pour les 3 prochaines années (loi pouvoir d’achat). Cependant, volume et prix doivent encore être confirmés avec la commission européenne. Pareillement, il faut purger les étapes de contestations des syndicats, d’EDF ou devant le conseil constitutionnel qui veulent bloquer les articles de loi. Les uns considèrent que l’entreprise est bradée, les autres que l’augmentation du prix pèse sur les consommateurs. 

Les régulateurs européens, certains politiques et les grands énergéticiens se prononcent de leur côté pour une remise à plat de la construction des prix (le « merit order« ) et de la stratégie énergétique de l’Europe. A terme, une réforme de long terme pourrait avoir lieu. 

Les impacts sur le contrat d’électricité

Alors que les renouvellements de contrats pour 2023 et 2024, voire au-delà, doivent être bouclés rapidement, des éléments indispensables à la finalisation des prix sont toujours inconnus. Les budgets deviennent difficiles à projeter quand on ne connaît pas le prix de ce qu’on a acheté. La décision de signer un contrat à tarifs élevés et mouvants se révèle aussi incertaine. Faut-il attendre une chute des marchés hypothétique ? Le marché va-t-il continuer à monter ? Le contrat bénéficie-t-il des changements réglementaires ?… 

La complexité des contrats et de leurs options augmente exponentiellement avec les comportements erratiques du marché. Tous les fournisseurs ne sont pas en capacité de remettre et tenir des offres si la volatilité augmente. 

Le cycle de l’énergie bon marché et abondante est peut-être terminé, appelant des actions drastiques de sobriété et de baisse de consommation. Accompagnées ou non par les pouvoirs publics, ou à chercher des solutions comme en Allemagne pour se prémunir des pénuries.. 

WattValue vous accompagne

Dans ce contexte de marché très volatil et d’offres de prix inscrites à la hausse, le consommateur doit prendre des décisions informées. 

WattValue vous accompagne dans la gestion de vos contrats de fourniture d’électricité et de gaz sur toute la durée du contrat. Cet accompagnement débute avec la négociation du contrat. Nous avons mis en place des outils pour anticiper vos budgets, suivre vos consommations, vérifier vos factures et vous alerter en cas de situation atypique. Pour vous permettre de mesurer, suivre et réduire vos consommations. 

 

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