Tout le monde a pu voir que la facture que nous allons payer pour l’électricité a augmenté de 2,5% au 1er Janvier. Ou au moins, va le voir.

Des raccourcis un peu rapides font porter cette augmentation sur l’obligation de rachat de l’électricité d’origine renouvelable (éolien et photovoltaïque principalement).
La plupart des articles, brèves ou commentaires oublient de signaler trop souvent que la CSPE, qui est la principale cause de cette augmentation de Janvier a 3 objectifs:
– aider au développement des énergies renouvelable, qui sont forcément moins matures que les autres énergies et ont donc un coût de démarrage supérieur aux autres énergies. Cette aide est reflétée par les tarifs de rachats élevés dont ces énergies bénéficient
– financer les tarifs sociaux de l’énergie (qui vont être étendus à plus de foyer, et donc seront portés par les autres consommateurs)
– assurer la péréquation tarifaire (pour que tous les clients payent l’acheminement de l’électricité au même prix où qu’ils soient).
De fait, les 3 composantes ont augmenté.

Le Figaro a consacré un article qui résume bien ce qu’est la CSPE et le choix politique de ne pas faire payer l’électricité à son juste prix. Les augmentations qui ont été trop limitées ne font que creuser un déficit, porté par EDF, et qui devra être remboursé. La CRE avait recommandé une augmentation plus réaliste. Ce choix de tarifs passés et actuels a déjà généré un « trou » de 4,3 Milliards d’Euros, auquel viennent s’ajouter les intérêts (ou les charges) demandées par EDF pour avoir avancé cette somme. Cette charge de 600 millions d’Euros n’auraient jamais du être payé par le client final si le tarif de l’électricité avait été augmenté en temps et en heure. Ces 600 Millions auraient pu être dépensés autrement, par exemple pour développer les nouvelles filières de production.

Plus généralement, on doit se poser la question de savoir si nous payons l’électricité à son juste prix et si des « surprises » de ce genre (CSPE) ou d’autres ne deviendront pas la règle dans le futur. Par exemple: est ce que les coûts de démantèlement des centrales nucléaires (ou leur mise à niveau selon) est vraiment pris en compte dans les factures ? Devra-t’on encore accroître le nombre de foyers bénéficiant des tarifs sociaux en raison de la précarité énergétique ? Devra-t’on investir plus pour moderniser le réseau électrique ?
De manière incidente, si l’électricité reflétait réellement dans ses prix tous les coûts réels, on verrait peut-être que le surcoût des énergies renouvelables n’est peut-être pas si important.

Dans tous les cas, le développement des énergies renouvelables est indispensable. Ne leur faisons pas porter artificiellement le chapeau des augmentations des factures. D’autres mécanismes existent pour aider leur développement tout en évitant les effets d’aubaine du tarif de rachat. Les garanties d’origine, les certificats verts ou les LECs et les mécanismes contraignants associés en sont un exemple.