L’Energie renouvelable comme pilier pour atteindre un pic de CO2 dès 2020 ?
Initialement envisagés en 2030, les pics d’émission de gaz à effet de serre liés à l’énergie pourraient être atteints plus tôt – dès 2020. C’est en tout cas ce qu’indique l’étude Energy and Climate Change, publiée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Si cette prévision anticipée des pics d’émission laisse entrevoir une baisse plus ou moins marquée et rapide, cette dernière est toutefois conditionnée à des actions aussi ciblées qu’énergiques.
État des lieux
Si l’évaluation des INDCs (Intended Nationally Determined Contributions) indique que la croissance des émissions polluantes liées à l’énergie tend à ralentir, cette baisse se révèle malgré tout insuffisante pour que les pics soient atteints en 2030. En parallèle d’une croissance économique de 88 % entre 2013 et 2030, les émissions de dioxyde de carbone ne devraient idéalement augmenter que de 8 %. S’il est dès à présent admis que l’Energie renouvelable sera la source principale à l’horizon 2030, la production issue du charbon ne décline en contrepartie que lentement, du fait de nombreuses centrales inefficaces. L’énergie propre n’est plus aujourd’hui un rêve d’illuminés, mais bien une réalité techniquement à portée de main (voir cet article). Plusieurs enquêtes ont mis en lumière l’adhésion d’une majorité des populations à ces sources d’énergies renouvelables et non polluantes.
Cinq mesures pour atteindre cet objectif
La Conférence sur le changement climatique de l’ONU (21 COP) qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 15 décembre serait par conséquent une excellente occasion pour les responsables de chaque pays de faire part de leurs bonnes intentions et de concrétiser leurs discours sur les atouts de l’Energie renouvelable. Il suffirait en effet de cinq mesures prises par les gouvernements pour gagner 10 ans sur les prévisions et vivre ainsi plus tôt dans un environnement nettement moins pollué :
• Supprimer toute forme d’aides financières aux énergies fossiles d’ici 2030
• Réduire progressivement l’utilisation des centrales au charbon les moins productives et l’interdiction de nouvelles constructions
• Réduire les émissions de méthane, gaz à effet de serre plus dangereux que le dioxyde de carbone
• Optimiser l’énergie dans l’industrie, le transport et la construction
• Augmentation des investissements dans l’énergie propre devant passer de 240 milliards d’euros en 2014 pour attendre 355 milliards d’euros en 2030
Moins de mesures contraignantes et davantage d’incitations
Si lors de la COP21, chaque pays ne manquera pas de faire part de ses bonnes intentions, l’UE a encore un long chemin à parcourir avant de présenter un front uni. Si le marché de l’énergie semble s’ouvrir de manière moins hypocrite, il est encore dominé par des intérêts nationaux incompatibles avec l’image d’une véritable Europe de l’énergie. Il risque par exemple de devenir difficile de donner des leçons de bonne conduite à la Chine lorsque l’on sait que le lien entre croissance de l’économie et des émissions polluantes sera rompu dès 2020, soit 30 % plus vite que dans l’Union européenne. Il apparaît que même si elles ont porté leurs fruits, les mesures contraignantes doivent à présent laisser leur place à un système reposant sur l’incitation à de bons résultats. Récompenser les « bons élèves » plutôt que de punir les mauvais est ainsi appelé à inciter les efforts, tant en matière de production que de marché de l’énergie.
Une synthèse en français est disponible sur Euractiv
0 commentaires