Les énergies renouvelables au service de l’urgence climatique
Les incertitudes sur la décision Britannique concernant l’investissement dans 2 EPR à Hinkley Point (remis en perspective par rapport aux énergies renouvelables) nous permettent de revenir sur la stratégie énergétique Européenne. En effet, comme le souligne bien l’article de GoodPlanet sur Hinkley Point, la rapidité du développement des ENR (et les coûts de production réels) peut rapidement rendre caduque un investissement de long terme comme le nucléaire.
Ainsi, définie en 2009, la directive européenne encadrant la politique énergétique de la communauté jusqu’en 2020 nécessite de profonds ajustements (les mêmes questions sont soulevées en Angleterre). Ce processus de révision a été engagé en fin d’année 2015 et une nouvelle directive sera soumise au parlement européen à compter du premier semestre 2016. Parmi les nombreux éléments nouveaux figure en bonne place le déploiement des énergies renouvelables. Ces dernières font l’objet d’un rapport d’initiative, ce qui donne l’occasion à l’Union française d’Électricité (UFE) de faire le point sur le système électrique français.
L’efficacité des énergies renouvelables entravée par un manque de vision et de coordination
Bien que déploiement des ENR soit une composante entrant dans la réduction des émissions de CO², c’est la chute de la consommation d’énergie en Europe qui en est la raison majeure. Le problème n’est pas l’efficacité des ENR en matière de réduction des émissions de CO², mais le manque de vison d’ensemble de ces nouvelles installations à l’échelle européenne.
La première victime a été le marché de l’électricité qui a fortement pâti du manque de coordination des politiques énergétiques différentes menées par chaque État membre. L’effondrement des prix de gros n’a pas profité au consommateur, mais a fortement refroidi les ardeurs des investisseurs dans un domaine prometteur, mais qui en réalité ne permet pas de couvrir les coûts fixes de production.
Alors que 46 % de l’énergie consommée l’est pour le chauffage et le refroidissement, la part de l’énergie renouvelable dans ces deux secteurs n’est que d’environ 16 %. La solution est encore plus dégradée dans le domaine du transport où l’énergie renouvelable en 2014 était présente qu’à hauteur de 5,7 %.
Chauffage-refroidissement et transport représentant les sources majeures d’émissions de polluants, les pays européens ont tout intérêt à favoriser le transfert des énergies renouvelables sur ces postes, ce qui permettra d’atteindre les ambitions dessinées par la nouvelle directive.
La place des ENR dans le mix français
En 2013, la part moyenne en Europe des énergies renouvelables était de 15 %. La France se situe dans la norme avec 14,2 % de sa consommation provenant de sources d’énergie renouvelable.
Par rapport à la directive européenne 2009/28/CE qui fixe la trajectoire pour chaque pays, la France a globalement respecté la ligne qui lui était imposée, ce à l’exception de la consommation d’électricité pour le chauffage et le refroidissement. Alors que la directive fixait un objectif de 22 % d’ENR pour ce type de consommation, le chiffre réalisé n’est que 18 %. Un effort a par contre était accompli en matière de transport avec le respect des 8 % demandés. En matière de consommation d’électricité, l’objectif est presque atteint avec 18 % alors que l’objectif 19 % était de 19%.
Évolution du réseau et équilibre entre les ENR : le défi énergétique français
L’ambition de la France est une part de 40 % d’ENR dans le mix français de 2030. Pour atteindre cet objectif, il va falloir non seulement que le développement des ENR se poursuive, mais passe à la vitesse supérieure.
Pour être pleinement efficace, le mix français doit être déployé de manière harmonieuse et géré avec la plus grande rigueur. Les spécificités techniques, les coûts d’installation et la rentabilité des ENR varient sensiblement d’un site à un autre. Un site éolien nécessite par exemple de lourds travaux en particulier de génie civil alors qu’une installation photovoltaïque est bien moins exigeante.
Un deuxième aspect de ce défi concerne le réseau électrique qui doit être capable de répondre aux demandes de raccordement de sites de production de taille variée. Pour les productions limitées d’ENR, la régionalisation des réseaux de distribution est sans doute la meilleure solution avec une implication forte des élus locaux et des investisseurs publics et privés.
Cette localisation et cette multiplication des productions d’énergie renouvelable imposent en même temps un équilibre entre les différentes ENR, une même région ne pouvant s’appuyer sur un seul type d’ENR dont la production varie en fonction de la saison. Cet équilibre peut alors être assuré par l’apport temporaire d’une importation d’énergie au niveau national.
Rendez-vous en 2030
En Europe en général et en France en particulier, le déploiement des sources d’énergies renouvelables est engagé. Pour parvenir à ses objectifs d’une énergie moins polluante, les instances européennes et les gouvernements des États membres vont toutefois devoir s’unir et harmoniser leurs efforts pour mieux dégager une vision globale de l’avenir, y compris pour le marché de l’électricité. Une cible majeure est la consommation d’énergies encore trop souvent traditionnelles dans les secteurs du chauffage-refroidissement et du transport. Le succès passe par un changement de mentalité des consommateurs, mais surtout par la mise à leur disposition de solutions de remplacement efficaces et innovantes.
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