Dans une lettre d’information n° 44 d’avril 2015, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) publie un rapport intitulé les Français et l’environnement. Ce document est doublement intéressant, car met d’une part en avant la vision des Français sur le sujet de l’environnement et d’autre part démontre que l’énergie renouvelable est devenue une composante importante dans l’esprit d’au moins une partie de la population.

Le développement durable entre dans la culture commune, mais de manière confuse

Même si les problèmes économiques et sécuritaires relèguent l’environnement au second plan, l’environnement et ses variantes sont désormais intégrés à la culture commune pour 52 % des Français. Si l’expression « développement durable » représente une notion assez précise, le contenu est bien plus confus avec une infime minorité capable de détailler les origines de la pollution, qu’elles soient atmosphériques ou autres. Sans doute les pouvoirs publics et les médias ont-ils une part de responsabilité dans cette méconnaissance des divers éléments polluants avec des présentations alternant le très vague et le discours élitiste.

Pour plus de 90 % des Français, le nucléaire n’est pas un problème environnemental

Le danger représenté par le parc nucléaire inquiète moins de 10 % des Français, loin derrière le réchauffement climatique et la pollution de l’eau. L’effet Fukushima a donc été de courte durée, sans doute au nom du « ça n’arrive qu’aux autres », ce même si la majorité des Japonais reste hostile au redémarrage de leur parc nucléaire après avoir « payé pour voir ». Un autre élément favorable au nucléaire français est qu’en temps de crise économique, l’argument marketing répété d’une électricité parmi les moins chères d’Europe prend un poids supplémentaire. L’énergie verte étant régulièrement présentée comme plus coûteuse que celle originaire de sources traditionnelles, il est logique que de nombreux Français tiennent à protéger un maximum de leur pouvoir d’achat.

Les efforts de l’État en matière d’environnement : le French Paradox

De manière assez paradoxale dans la mesure où peu de Français assimilent le nucléaire à un danger, une majorité souhaite que l’État concentre ses efforts sur le développement de l’énergie renouvelable. Avec 31 % des sondés émettant prioritairement ce souhait, l’énergie verte se retrouve sur le devant de la scène. Alors que l’État a supprimé tout crédit d’impôt sur l’énergie photovoltaïque pour des raisons plus politiques qu’économiques, c’est le solaire qui est plébiscité par 32 % des personnes interrogées, suivi par l’énergie marémotrice à 26 % et l’éolienne pour 14 %.

Source : adame

90 % des Français souhaitent la production locale d’énergies renouvelables

Preuve que l’énergie verte est une réalité environnementale, 90 % des Français se disent disposés à payer un peu plus cher leur électricité dans la mesure où elle a une source renouvelable. Ils sont même 66 % à se déclarer prêts à franchir le pas immédiatement si le choix leur est donné.

Ce qui ressort de ce rapport est qu’une majorité de Français n’est attachée au nucléaire que pour des raisons de coût de consommation. Ils considèrent en effet à près de 40 % que cette source d’énergie est à l’heure actuelle la plus performante, ce qui est vu comme influant sur le montant de leur facture d’électricité. Les technologies étant appelées à sensiblement améliorer le rapport performance-prix des énergies renouvelables, le vent a de fortes chances de tourner en faveur des nouvelles énergies d’ici quelques années.