Le marché de gros du gaz a entrepris sa décrue.
Pourtant, tout a changé !
Oubliez la conjoncture du gaz telle qu’on la voyait en 2021. Le gaz était l’énergie fossile (!) qui allait permettre d’accompagner la transition vers les énergies renouvelables. Moins de CO2 que le charbon, un fournisseur majeur, la Russie, des prix (très) bas. Depuis, la géopolitique et la crise du marché de gros sont passées par là. Les TRV gaz ont disparu. Les chaudières à gaz risquent d’être interdites dans les nouvelles constructions. Pourtant la demande reste forte et le politique se veut rassurant. Etat des lieux du Marché du gaz 2023.
La demande a baissé – beaucoup
Depuis le pic des marchés de gros du gaz mi-2022, les prix se sont assagis. La baisse de consommation sur 12 mois est historique. Selon GRTGaz, sur la période du 1er août 2022 au 30 juillet 2023 comparé à la même période 2018 / 2019, la baisse est de -16,3% à 400TWh. Les grands industriels sont les principaux contributeurs de cette baisse, à -23,9%, tandis que les consommateurs connectés au réseau de distribution ont diminué leurs besoins de 16,9%. Seul la production d’électricité a augmenté (+12,3%).
Un hiver 22-23 anxiogène. Quid de 2023 – 2024 ?
L’hiver 22-23 pouvait il passer sans coupure ? Heureusement, les stocks pleins de gaz Russe (!) et un hiver très, très doux nous ont évité d’être en rupture d’approvisionnement. Depuis, plus de gaz Russe (moins de 10% au niveau européen). Les capacités d’importation de GNL (Gaz naturel liquéfié) ont explosé (169Gm3 en Europe selon Fitch). Les flux entre les pays ont évolué. Par exemple, la France a augmenté ses livraisons depuis l’Espagne, et exporte vers les pays du nord et de l’Est de l’Europe.
Et pour l’hiver 2023-2024, la campagne de remplissage bat son plein. L’objectif est de sortir de l’hiver avec 30% des stocks pleins. Ils approchent 90% en Europe et 80% en France. Les stocks sont quasiment au niveau de 2022, qui avait établi un record !
Alors, tout va bien pour le marché du gaz 2023 ?
Les messages de réassurance se multiplient pour le marché du gaz 2023 (politiques, fournisseurs, certains producteurs). « Il n’y aura pas de problème cet hiver ». Pourtant, quelques dissonances apparaissent.
- La consommation est baissière ? Le gestionnaire de réseau de gaz a exprimé s’attendre « à une consommation de gaz qui pourrait être plus élevée qu’en 2022 parce que les niveaux de prix sont plus faibles« .
- Les pays de l’Union Européenne doivent se préparer à une chute des stocks de gaz au niveau très bas de 11% en mars 2024 selon le représentant des gestionnaires de transport (l’Entsog). L’objectif affiché est d’un niveau de remplissage des stocks de 30% à la sortie de l’hiver 23-24 : l’Entsog anticipe une interruption totale des livraisons de gaz Russe pour alerter sur ce niveau de 11%
- Le Qatar et l’Arabie Saoudite, lors d’un forum le 23 mai à Doha, ont averti l’Europe des risques de pénurie d’hydrocarbures l’hiver prochain – mais ils sont producteurs et veulent certainement soutenir les cours par ce message fort
- L’Egypte doit faire face à des coupures d’électricité, par manque de gaz et en raison de la chaleur. Le gaz est un marché mondial. Les bateaux méthaniers peuvent être détournés à tout moment.
Et les prix de contrat dans tout ça ?
Nous sommes revenus dans un article récent sur le niveau du marché de gros et l’impact sur le marché de détail. Quelques points à retenir :
- Les TRV gaz ont disparu. Néanmoins, la CRE publie un prix de référence. Et celui-ci ne baisse quasiment plus (après être remonté le mois dernier).
- Le niveau des marchés de gros semble intégrer les coûts du GNL plus élevé que les gazoducs et les risques d’approvisionnement
- L’économie chinoise stagne et vit sur ses stocks de charbon, n’influençant qu’à la marge le marché du gaz 2023
En résumé, le remplissage des stocks est excellent (avec un peu de retard en France), le GNL tiendra un rôle clé et il faudra continuer à maitriser sa consommation (une baisse de consommation de 5% est attendue pour le prochain hiver).
Et à plus long terme ?
- La dépendance au gaz Russe est devenue une dépendance au GNL (américain entre autre). 56Gm3 ont été importés des USA en 2022
- Le bilan CO2 du GNL est moins bon que celui du gaz Russe. C’est un coup de canif dans les objectifs européens de baisse des émissions. On parle d’un bilan carbone de 20 à 40% plus important selon Carbone 4
- Les capacités des terminaux méthanier pourraient doubler à terme. Mais la capacité de production pourrait ne pas suivre
- L’Europe a des contrats de court terme qui couvrent 60% de ses besoins. L’AIE a prévenu l’Europe que la (bonne) situation actuelle n’était pas une garantie de stabilité
- Dans vos factures, vous payez des CEE (Certificats d’économie d’énergie). Ils vont continuer à augmenter alors que les signaux envoyés avec la 4ème période étaient favorables au gaz. Ils ont doublé avec la 5ème période (environ 6 à 7€/MWh) et pourraient encore augmenter avec la 6ème…
Incertitude
L’incertitude va continuer à régner sur le marché de l’énergie. Les consommateurs de gaz doivent s’adapter dans un marché plus complexe. Les liquidités sur le marché sont limitées, augmentant la volatilité des prix. Les fournisseurs sont plus prudents ou changent leurs stratégies d’offres de prix (offres indexées, offres plus longues, dépôts de garantie…). Ils choisissent aussi leurs clients en fonction de leur profil de consommation (par exemple thermo-sensibilité).
Vous pensez avoir droit au guichet d’aide gaz/électricité ? N’oubliez pas de faire votre déclaration pour la période janvier-février 2023 avant le 30 août. Cette date est susceptible d’être repoussée mais mieux vaut se préparer maintenant que d’attendre un changement de la date limite de dépôt de vos dossiers. Toutes les informations sont sur le site des impôts
Accompagnement
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