Si le numérique représentait à lui seul 2% des émissions de gaz à effets de serre (GES) en 2007, il en produit dorénavant plus de 4%, et les prévisions pour 2025 porte ce chiffre à 6%, pour les meilleures estimations. Aussi paradoxal que cela puisse être, le numérique n’a rien de virtuel. Derrière nos smartphones, tablettes et ordinateurs, il mobilise tout un système d’équipements et d’infrastructures. Serveurs, antennes-relais, transmetteurs, routeurs, câbles terrestres et sous-marins, centres de données sont autant de responsables d’une pollution du digital conséquente. Face à cet emballement du numérique, une solution émerge : le numérique responsable dont nous soulevons un voile dans cet article.
Pour en savoir plus sur les différents impacts environnementaux liés au numérique, consultez les articles précédents sur « l’innovation numérique & son impact environnemental » et sur « l’impact environnemental de la consommation numérique »
Qu’est ce que le numérique responsable ?
Le numérique responsable se définit d’abord comme un numérique qui respecte le plus possible l’environnement. Sa démarche a pour but premier de réduire l’impact environnemental du numérique. Cela se traduit le plus souvent par une attention particulière donnée à la pédagogie, à une réflexion directe sur les services numériques et une action de compensation.
Le numérique responsable recouvre le Green IT pour réduire l’empreinte environnementale à l’échelle de la DSI (Direction des services informatiques), l’IT for green qui met le numérique au service du développement durable et la conception responsable des services numériques.
Seulement, un des objectifs du numérique responsable est aussi celui d’améliorer l’impact social du numérique. Derrière ce dernier se cachent de nombreux enjeux sociaux du fait du travail dans les mines que nécessite l’extraction des minerais, mais encore des conditions de travail dans les usines de fabrication et d’assemblage des produits (votre PC ou votre smartphone). Entre autres, s’assurer lors de l’achat, de l’éthique de tous les acteurs concernés par la fabrication des équipements est important pour améliorer l’impact social du numérique.
Un autre aspect du numérique responsable, trop souvent oublié, est celui de la non-exclusion d’une certaine partie de la population qui n’a pas forcément accès à ces nouvelles technologies et à la connectivité. Aujourd’hui, cela constitue un réel handicap au quotidien.
Face à cela, quelles solutions ? Quels bénéfices pour l’utilisateur et le professionnel ?
Dans une perspective de responsabilisation du numérique, il s’agit donc d’en favoriser la durabilité économique, sociale et environnementale. Pour cela, les acteurs du numérique responsable se doivent d’encourager l’éco-conception des équipements. C’est ce à quoi s’attachent de nombreuses entreprises de conseil et d’expertise à l’éco-conception des sites internet, tels que le Label Numérique Responsable (NR), le Green Code Lab, et bien d’autres. Audits, formations, bilans mensuels sont autant d’étapes à passer vers un numérique éco-conçu et donc plus responsable.
L’utilisateur, de son côté, a aussi son rôle à jouer. Il doit simplement éviter le renouvellement rapide des équipements, ce qui peut paraître complexe au temps du « toujours plus, toujours plus vite ». Il est nécessaire de nos jours, pour la protection de notre environnement, de prendre ce mouvement à revers et d’allonger la durée de vie des équipements. Cela signifie favoriser le réemploi et la réparabilité, réduire les pollutions générées à la fabrication et promouvoir l’éco-conception des services numériques afin de contrevenir à l’obsolescence – trop rapide – des terminaux. La loi relative à la transition écologique de 2015 souligne entre autre l’importance de ce combat contre l’obsolescence en désignant à titre de délit l’obsolescence programmée des outils numériques.
De plus, une proposition de loi est en cours, la loi de réduction de l’empreinte environnementale du numérique (REEN). Elle propose une action pédagogique de sensibilisation à l’impact du numérique (formation à la sobriété numérique dès le plus jeune âge, module d’éco-conception dans les modules de formation d’ingénieurs informatique…). Elle permettrait également de renforcer la vigilance quant au délit d’obsolescence programmée. En ajout à cela, il s’agira de promouvoir les usages numériques écologiquement vertueux par un référentiel général d’éco-conception des services numériques et bien d’autres initiatives en faveur d’une transition vers un numérique plus durable.
Egalement, le numérique responsable peut aussi être moteur d’innovation, de performance économique ainsi que témoin d’engagement. Au niveau économique, le numérique responsable n’est pas nécessairement responsable de dépenses supplémentaires.
Réutiliser, recycler, réparer, c’est-à-dire les principes de base de l’économie circulaire, sont autant de gestes qui permettent finalement d’éviter les coûts de renouvellement des équipements numériques. L’éco-conception a ici son rôle à jouer, permettant d’allonger la durée de vie des appareils, de réduire leur consommation énergétique, de concevoir différemment les logiciels et sites internet, ainsi que de permettre aux équipements de s’adapter aux évolutions. Le numérique responsable revient donc à se poser la question de « comment faire plus, mieux, avec moins ? », question qui pousse les professionnels du numérique à chercher et innover et fait du numérique responsable un moteur de cette innovation. La « low tech »* reste quoiqu’il en soit une nouvelle technologie.
De plus, la vague verte qui plane au-dessus de nos consciences personnelles comme professionnelles permet une sorte d’émulation autour du développement durable et de ses possibilités, poussant l’innovation à chercher dans ce sens. Le consommateur est lui aussi à la recherche d’un nouveau type de produit. Dans un contexte d’éveil environnemental, nous adoptons de nouvelles démarches plus responsables tant sur le plan personnel que sur le plan professionnel (notamment avec la RSE).
Le numérique responsable vient s’inscrire dans ces démarches et peut mener à son tour plus d’engagement, dans d’autres domaines et à d’autres échelles. Il est un pas dans une transition globale qui s’opère de nos jours vers un monde plus responsable et résilient.
Un pas fait par WattValue vers le numérique responsable : Internet Vert
WattValue, en tant qu’expert en énergie et acteur de la transition énergétique, a su se saisir de la question du numérique responsable.
Chez WattValue, nous avons développé “Internet Vert” : une pastille qui calcule les consommations énergétiques d’un site internet et permet d’injecter autant d’énergie renouvelable dans le réseau électrique français. En contribuant à ce service, vous faites le choix d’une additionnalité à la biodiversité. En effet, une partie du chiffre d’affaire d’Internet Vert est versée automatiquement à l’Association du Fonds de Conservation des Rivières Sauvages, une association qui lutte pour la préservation et la protection des Rivières Sauvages de France et d’Europe.
Société de service à l’énergie depuis 2006, nous cherchons à avoir le meilleur impact sur l’environnement possible. Et cela grâce à nos activités en sensibilisant les consommateurs d’énergie à utiliser du renouvelable pour avoir un moindre impact sur la biodiversité et par nos actions en soutenant Rivières Sauvage et en étant certifié B Corp.
*Basses technologies, ou technologies « appropriées » sont un ensemble de technologies et de logiques visant la sobriété énergétique et matérielle, la durabilité forte et la résilience collective.
Eva Soret, chargée de mission chez WattValue