Avec les énergies renouvelables, un nombre grandissant de particuliers, petites entreprises et collectivités publiques sont susceptibles de devenir des acteurs d’un nouveau marché de l’énergie en matière de production et de stockage.

Pour que ce futur potentiel puisse être efficacement exploité, il doit être préalablement évalué. C’est cette étude qui a été publiée en septembre 2016 par le CE Delft à la demande de Greenpeace Europe, les Amis européens de la Terre, la fédération européenne des énergies renouvelables et REScoop (Rapport sur le potentiel de l’autoproduction).

Le potentiel d’autoproduction à l’horizon 2050

Pour réaliser cette étude, le CE Delft s’est appuyé sur les données actuelles disponibles et des projections pour chacun des états membres. La base du scénario étant celui actuel, il y a de fortes chances que les résultats estimés soient sensiblement inférieurs à ce que pourrait être la situation de l’autoconsommation en 2050. Sont pris en compte :
• L’énergie solaire
• L’énergie éolienne
• Les véhicules électriques
• Les chaudières électriques destinées aux logements individuels

En 2050, ce sont environ 187 millions de propriétaires d’habitations individuelles qui pourront contribuer à la production et au stockage d’énergie renouvelable. C’est 83 % du parc total de logements. S’ajoutent de 5 à 6 millions de petites entreprises et 400 000 collectivités publiques.

La répartition est définie de la manière suivante :
• 60 millions d’habitations sont équipées de panneaux solaires
• 70 millions disposent d’une chaudière électrique
• 42 millions sont équipées de batteries de stockage
• 62 millions sont des logements collectifs disposant de moyens de production d’énergie
• 115 millions d’Européens possèdent un véhicule électrique

L’autoproduction dépasserait les 1 700 TWh avec plus de 900 TWh pour l’énergie éolienne dont les 2/3 sont produites par les petites entreprises. Les 33 % restants seraient assumés par les collectivités. Pour ce qui concerne l’énergie solaire, la production attendrait un peu plus de 600 TWh dont plus de la moitié proviennent des habitations individuelles.

Où se situe la France ? Elle arrive en seconde position avec une production cumulée atteignant 250 TWh derrière l’Allemagne qui produit 290 TWh, mais devant le Royaume-Uni avec 170 TWh.

Les investissements pour l’autoproduction

Modéliser tant le montant des investissements que les impacts économiques nécessite plusieurs études détaillées. Celle du CE Delft n’intègre donc pas cet aspect en se limitant à quelques pistes globales comme l’émergence à grande échelle d’une profonde transition du système et du marché de l’énergie. Cette autoproduction va également renforcer le rôle des gestionnaires en matière d’énergie, ce tant en matière de conseils auprès des particuliers et petites entreprises que des industriels proposant les matériels adaptés à cette nouvelle source d’énergie.

Conclusion

Le potentiel offert par l’autoproduction d’énergie renouvelable n’a rien d’un rêve, mais sa réussite reste liée à des aspects extérieurs. En priorité, la législation actuelle devra être modifiée en profondeur afin de permettre aux particuliers, entreprises et collectivités de produire leur énergie dans le cadre novateur. Le marché de l’énergie va devoir lui aussi s’adapter en prenant en compte cette nouvelle forme de production et les gestionnaires du transport de l’énergie devront également revoir le schéma actuel. Ce qui est certain est que le potentiel de l’autoconsommation est une réalité, la balle étant dès lors dans le camp des divers responsables qui pourront ainsi mettre en phase les discours et pour partie l’avenir énergétique de l’Europe.